Tous ensemble – Nous avons interrogé pour vous Françoise Renoult, Directrice des Enfantastics.
Nous avons interrogé pour vous Françoise Renoult, Directrice de l’IME de Gillevoisin et du service « Les Enfantastics », gérés par l’EPNAK (Etablissement National Antoine Koenigswarter).
TE : Qui était Antoine Koenigswarter ?
L’E.P.N.A.K. est un établissement public national créé par Antoine Koenigswarter, riche banquier qui a fait un don à l’état Français à la fm du 19e siècle (1887) pour créer une structure, afin d’accueillir les enfants orphelins ou abandonnés sans distinction de confessions. Le premier établissement s’installa à Saint-André de l’Eure puis en 1955 à Gillevoisin. Aujourd’hui, l’I.M.E. accueille des adolescents de 14 à 20 ans avec une déficience intellectuelle et des troubles associés.
TE : Pourquoi avoir pris une orientation vers les enfants autistes?
Nous avons régulièrement des demandes pour accueillir des enfants autistes souvent sans prise en charge spécialisée. l’I.M.E. ne leur correspond pas forcément. Nous avons donc créé un service « les Enfantastics » pour apporter un début de solution à ces enfants parfois très jeunes.
TE : Pourquoi ce nom « les enfantastics »?
Ces enfants sont mal connus encore aujourd’hui et ont entre autres des problèmes de communication et des besoins particuliers inhérents à l’autisme. Nous sommes allés découvrir chez eux la part de fantastique d’où le nom ENFANTASTICS. Même s’ils ont d’importantes difficultés, il reste toujours quelque chose de fantastique en eux à découvrir et faire vivre.
TE : Comment fonctionne ce service ?
Le projet du service est d’être itinérant et, surtout, nous sommes hébergés par des communes qui mettent des salles à notre disposition une fois par semaine. Des mairies s’impliquent donc dans notre projet. Mais nous devons mettre ces salles en sécurité et conformes pour accueillir ces jeunes. Chaque jour de la semaine une commune accueille six enfants maximum avec un encadrement spécialisé. Cet encadrement comprend des psychologues spécialisées dans l’autisme, deux éducateurs et une psychomotricienne. Il y a aussi une orthophoniste, un seul jour par semaine, le lundi, qui fait essentiellement des bilans. Pour nous, la difficulté est de trouver des salles car il faut s’engager sur 2 à 3 ans. Actuellement le lundi, nous allons à Auvers Saint Georges, le mardi à Etampes, le jeudi à Breuillet, le vendredi à Egly. Nous avons été hébergés à l’ouverture en mars 2017 à Chamarande pendant un an. Actuellement, cette commune nous dépanne toujours ponctuellement lorsqu’une salle est indisponible. Le mercredi est réservé à la réunion de l’équipe. Quatre samedis par an sont consacrés aux parents. Les membres de l’équipe les reçoivent. Ces réunions visent à les informer sur l’autisme pour les aider à comprendre les difficultés de leur enfant. Nous utilisons aussi des petits films pris pendant l’accompagnement par l’équipe des enfants. Ce qui leur permet de voir ce que leurs enfants peuvent réaliser et comment le reproduire s’ils le souhaitent à la maison. C’est aussi l’occasion pour eux de pouvoir échanger et de voir qu’ils ne sont pas seuls.
TE : Comment se passe une séance ?
Les parents amènent leur enfant et viennent le rechercher. Ils apportent le repas ou la collation. Nous utilisons la méthode anglo-saxonne ABA qui fait partie des méthodes recommandée par l’H.A.S., la Haute Autorité de Santé. Le but est de créer d’abord la relation avec l’enfant, puis d’établir un bilan pour connaître ses capacités, ensuite de déterminer les objectifs de travail. Ce sont des petits objectifs au début pour améliorer le quotidien des familles. Par exemple apprendre à communiquer par les gestes ou des pictogrammes. Le plus important est de créer la communication et d’améliorer l’autonomie.
TE : A quel âge peut-on diagnostiquer l’autisme chez un enfant ?
C’est un handicap qui peut être détecté dans la petite enfance vers l’âge de trois ans. L’enfant présente des troubles de la communication, des troubles de la relation, a des intérêts restreints. Parfois l’autisme est associé à un retard mental. Il peut aussi y avoir des troubles sensoriels et des pathologies associées comme l’épilepsie.
TE : Comment les parents prennent-ils connaissance de votre structure « les enfantastics » ?
Par le bouche à oreille. Les enfants viennent de l’Essonne. Nous sommes actuellement à la recherche de salles dans d’autres endroits un peu plus au nord du département, du côté de d’Arpajon, Brétigny par exemple. Mais il nous faut un engagement des communes pour au moins deux ans.
TE : Pourquoi avoir choisi cet accueil dans les communes ?
Pour que ces jeunes soient au cœur de la cité. Pour rendre les enfants visibles et non cachés et pour apporter une réponse de proximité.
TE : Comment cette structure est-elle financée ?
Les prestations des Enfantastics sont financées par la sécurité sociale qui règle directement le service.
TE : Quel avenir pour ces jeunes ?
Ce qui est recherché ce sont des structures qui correspondent à leurs besoins et qui puissent les accueillir sur du long terme. Pour certains dans la mesure du possible avec un accueil à l’école insertion.
Entretien réalisé par Claude Chaigneau et Marie-Hélène Jolivet, pour le journal local « tous ensemble ».